Week-end dans les Alpes
Aujourd'hui, Michel Gagnard et les
experts de la météo se trompent rarement dans leurs prévisions. Ils annonçaient
un week-end chaud et je n'étais donc guère rassuré, ayant été très souvent
défaillant par forte chaleur...
Après un départ matinal et une route
sans histoires, les deux voitures et leurs occupants arrivent à 7h45 à La Salle
en Beaumont. Un petit déjeuner un peu léger pour des cyclistes et il est déjà
8h30, l'heure du départ de la première étape. La température est bien agréable
lorsque les 7 "squadra" René, Philippe, Marc, Paulo, Gilles, Joëlle
et moi-même démarrent tranquilou, la socquette encore toute légère, par les
petites routes calmes et les villages aux noms si évocateurs de la campagne :
Siévoz le bas, Siévoz le haut, Oris en Rattier... Les premières pentes
conduisant au col de la Morte -1360m- ne posent aucun problème à des cyclos
bien en jambes et pas encore entamés...Dans la longue descente qui suit pour
rejoindre Séchilienne, Gilles se fait une frayeur en crevant. Une pierre ? Un
trou ? Plus de peur que de mal, mais voila qui nous rappelle si besoin est
combien il faut toujours rester vigilant dans les descentes de col !
En retrouvant la vallée de la Romanche,
on retrouve....la chaleur. Heureusement, un vent favorable nous pousse jusqu'à
Bourg d'Oisans. Le moment de vérité est arrivé, plus question de se cacher dans
le peloton...! Il est 11h 45, il fait 34°,le soleil est à son zénith, nous
reprenons de l'eau, car il va en falloir pour venir à bout de ces 14kms aux 21
virages numérotés....Le rond point de sortie, la route à gauche, le camping, la
route qui se redresse et c'est parti pour la montée de l'Alpe....! Les premiers
hectomètres sont terribles. Entre le soleil qui me chauffe le casque, les gaz
d'échappement des véhicules et la pente, dès le premier virage, le numéro 21,
je suis dans le rouge et il en reste 20....En fait, je n'arriverai jamais à
trouver le bon rythme. Je parviens à accompagner Philippe quelques virages
avant de le laisser s'envoler irrésistiblement. Il va boucler la montée en
1h09'. Je termine cuit et recuit en 1h14...Je ne suis pas le seul à avoir
souffert ; mes camarades arrivent tous très éprouvés de René à Paulo sans
oublier Gilles...Un menu baptisé cycliste par le restaurateur, et à base de
pâtes, nous redonne un peu de force avant de quitter l'Alpe d'Huez envahi par
des vététistes en rassemblement (Mégavalanche ? ). En dépit des réticences de
René victime de crampes, nous gagnons le col de Sarenne -1999m- Il est 16h30 et
il fait 29°! Etonnant à 2000m...! La descente se révèle très dangereuse, la DDE
ayant beaucoup de mal à entretenir une route d'altitude très exposée aux
intempéries. Entre trous, bosses, pierres et pansements de gravillons, c'est
une descente au ralenti que nous sommes contraints de faire..!! Nous avons la
surprise en ce lieu sauvage de croiser un cycliste en plein effort, notre
camarade Philippe Trouilloux ! Après Clavans, le revêtement est nettement
meilleur et on arrive rapidement au barrage du Chambon où des touristes sont
perplexes devant la route du Lautaret coupée....!!! Dès la rampe des commères, on retrouve la fournaise. Bourg
d'Oisans suffoque....Heureusement, le col d'Ornon est à cette heure à l'ombre
dans sa plus grande partie. Assez régulier et avec un bon revêtement, il se
révèle bien agréable. En tout cas, il plait à Joëlle qui y retrouve son coup de
pédale si naturellement léger, preuve aussi qu'elle n'avait pas laissé toute
son énergie sur la route de l'Alpe d'Huez...
Il est tard , je
laisse à regret la route forestière du col du Parquetout en espérant avoir
l'occasion d'y revenir un jour...La journée a été éprouvante et nous rentrons
tous sagement par Valbonais. Il est 20h lorsque enfin nous arrivons au gite du
Mascaret 169km 3500m de dénivelé par plus de 30° ! La mousse, la douche et le
repas sont les bienvenus....!!!
Dimanche, l'étape prévu était moins
longue et moins difficile. Pourtant, l'inquiétude est perceptible au petit
déjeuner. Une chaleur torride prévue ?
Des montées inconnues ? Aura-t-on récupéré des efforts d'hier ? Au moment de
prendre le vélo, une mauvaise surprise attend Marco : un rayon de sa roue
arrière a rendu l'âme. Dilatation ? Il est contraint de renoncer et fera le
photographe et l'assistance avec une voiture...
La température est encore bien douce
quand les 6 rescapés s'élancent pour la deuxième étape. C'est une tranquille
mise en jambes jusqu'à Corps où Gilles fait la pancarte. Feu de paille ? Plan
étudié façon SKY ? On le saura vite car à Corps commence la montée vers Notre Dame
de la Salette à 1750m, 15km d'ascension. tout rentre vite dans l'ordre, c'était
une blague à la Gilou....!!!Le début de la grimpée est en sous-bois bien
plaisant et hormis une rampe sévère ,avant le cimetière canadien des accidentés
de l'Obiou, le reste de la montée est raisonnablement difficile avec quelques
replats appréciables. Surtout, on bénéficie d'un panorama exceptionnel sur
l'Obiou et le massif du Dévoluy. A cette heure matinale, peu de voitures et
seuls quelques cars de pèlerins pour troubler la quiétude des lieux ! J'ai
vraiment apprécié cette montée et j'aurai plaisir à y revenir....L'heure
tourne, il nous faut quitter ces lieux sacrés et redescendre à Corps, puis dans
la vallée du Drac, précisément à St Bonnet de Champsaur où Marco a acheté de
quoi nous restaurer. Il nous a aussi trouvé un coin à l' ombre parfait. Les
agapes de midi terminées, un drôle de dessert nous attend qui risque fort
d'être bien indigeste par une température qui dépasse allègrement les 30° : Le
col du Noyer 1664m 12km d'ascension...!!! Les 6 premiers kms par les villages
de Poligny et du Noyer sont une route d'approche pas très difficile si ce
n'était la chaleur torride. Ensuite, la pente devient sévère. Elle frôle ou
dépasse les 10% les 6 derniers kms et avec en prime le soleil qui tape contre
les barres rocheuses. Dans la chaleur, Philippe est intouchable et s'envole au
plus fort de la pente. Je ne peux le suivre ; je suis une fois de plus
défaillant dans la canicule et termine l'ascension dans la douleur. S'il y avait
eu 1 petit km de plus à grimper, Joëlle revenait et fort probablement me
laissait sur place......L'arrêt boisson à l'auberge du col, où sont attablés de
nombreux cyclos, est bienvenue. Une route descendante par les gorges de la
Souloise nous amène au barrage du Sautet. Je suis bien content de pouvoir
rester dans les roues de mes camarades. Ils avaient tort de s'inquiéter au
petit déjeuner le matin, ils finissent parfaitement bien....Un ultime effort
pour remonter à Corps, encore un petit jusqu'à La Salle en Beaumont ; au
compteur 125km et 2500m de dénivelé
Avec la chaleur, on
a pas fait exactement le programme prévu, on a quand même fait de belles choses
et je garderai un bon souvenir de ce week-end en espérant que mes compagnons de
route auront eux aussi apprécié cette
région qu'ils ne connaissaient pas ou peu.
Daniel