Voici l’un des plus anciens clichés en notre possession : il date du 5 juin 1921 et montre une exhibition de basket-ball féminin réalisée lors de la « fête de la gymnastique » à Soissons !
Il y a tant à découvrir sur cette photographie qui porte élégamment ses 96 ans : le décor ravagé d’un après-guerre très marqué dans l’Aisne, les tenues sportives de ces demoiselles et de l’arbitre, un tracé au sol que l'on imagine réservé aux démonstrations de gymnastique, les « buts de basket » en lattes de bois et l’élégance des spectateurs en beaux chapeaux et canotiers…
Ce tirage provient du fonds photographique Anne Morgan, une héritière américaine, fille du plus important banquier des Etats-Unis et grande femme d'action, fondatrice du C.A.R.D. (Comité Américain pour les Régions Dévastées), un comité qui œuvra beaucoup dansl'Aisne durant ces années d'après-guerre.
En effet, installée au Château de Blérancourt dès 1917, elle leva une armée de volontaires américaines qui aideront à la reconstruction matérielle mais également dans le domaine social et de la santé dans le paysage rural de l'Aisne (réseau d'infirmières, création de bibliothèques, foyers, jardins d'enfants). Ainsi, on doit au C.A.R.D. l'organisation de nombreuses fêtes sportives comme celle-ci.
Anne Morgan fut élevée au grade de Commandeur de la Légion d'honneur en 1932.
Pour en savoir plus sur cette passionnante partie de notre histoire contemporaine :
Le terme CAUFA signifie Centre Athlétique de l'Union Franco-Américaine, le plus fameux CAUFA fût celui de Reims, Champion de France de Basket-ball en 1932 et 1933.
Je vous propose un extrait de thèse éclairant sur cette période :
"Le débarquement de l’armée américaine en 1917, ouvre les portes à cette organisation très puissante aux États-Unis (la YMCA). Le général Pershing confie la gestion de l’arrière à la YMCA. Les Foyers du Soldat, organisation laïque mise sur pied par un Français, Emmanuel Sautter, se transforment en Foyers de l’Union Franco-Américaine. L’encadrement américain qui y évolue est de confession protestante et, en dépit des rappels à l’ordre de l’Etat-Major français quant à l’interdiction de toute propagande religieuse au sein de l’armée laïque, aucun soldat n’ignorait qu’il était reçu dans une organisation d’obédience protestante .... Si le prosélytisme religieux ne pouvait rester qu’implicite, la diffusion des pratiques sportives américaines y a été largement favorisée. (Sabine Chavinier, Histoire du basket-ball français catholique (1911-1921). Jeu des patronages ou sport américain ? in Revue Science Sociale et Sport 2008/01, n°1)
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