A la fin du XIXe siècle, la Brasse était la seule
technique reconnue sans doute pour des raisons de sécurité. Mais la recherche
de performances et l'absence d'une réglementation précise entraîna l’apparition
de nouvelles techniques plus efficaces, et visibles au cours des compétitions.
La
Brasse
La Brasse est une nage
occidentale et son origine remonte à l'Antiquité. Elle émane d'un savoir nager
de base à visée utilitaire, inspiré avant tout par l'instinct de conservation (se sauver en conservant la
tête hors de l'eau). Il s'agit au départ d'une technique à plat, en
quatre temps (ITGY)
qui s'apparente à la nage de la grenouille, d'où peut-être son origine. Mouvements simultanés.
Au XIXe siècle, la Brasse acquiert ses lettres
de noblesse en tant que nage d'endurance. Le 25 août 1875, le capitaine anglais
Matthew Webb participe largement à sa réputation en traversant le premier le
chenal de la Manche. En
contrepartie, elle est vivement contestée sur le plan de la vitesse. Très vite,
l'abandon de la Brasse
anglaise à quatre temps en faveur de la Brasse allemande à trois temps, beaucoup plus
efficace, n'empêche pas l'éclosion de techniques alternées plus rapides, comme
« l’Over Arm Stroke », puis le « Trudgen » et enfin le
Crawl.
Le
Crawl
La FINA ne réglemente la nage
libre. Le Crawl est donc le résultat d'expérimentations ayant pour but la mise
au point d'une technique de déplacement aquatique la plus rapide possible et
qui ne sera en aucun cas freinée par une quelconque codification.
Nage « naturelle » (petit chien), les
Égyptiens déjà, symbolisaient le concept « natation » par un
hiéroglyphe représentant la silhouette de profil d'un crawleur. 3000 ans avant
Jésus-Christ, on appliquait déjà l'extension aquatique avant et arrière des
bras, la respiration latérale, mais accompagnés d’une propulsion de jambes type
« coups de pied de brasse » (pied et en flexion dorsale). Mouvements alternatifs.
Au XIXe siècle, la recherche de
vitesse en Brasse ainsi que l'importation par les marins de « techniques
indigènes » (Antilles,
Somalie, îles du Pacifique…) poussent vers une respiration sur le côté
ce qui latéralise complètement la nage. La poussée des jambes devient
incompatible avec l'inclinaison du corps et se transforme en ciseaux de jambes (dans un plan sagittal) ;
première étape de l'évolution, c’est « l’english side stroke* »
(1840»).
Cependant, le retour sous-marin des bras produit une grande résistance à
l'avancement. Le bras qui est devant revient alors hors de l'eau ; « l’over
arm stroke* » (1850»)
de Wallis constitue la deuxième étape. Vers 1880 J Trudgen, après avoir observé
les amérindiens, repositionne le nageur en nage ventrale pour permette un
retour alternatif des bras hors de l'eau et battre « l’over » sur les
courses de vitesse : le « trudgeon* » est né. La greffe
des ciseaux de jambes sur sa technique donne naissance en Australie au « double
over arm stroke* ». En 1893, les frères Wickham à l'imitation des
habitants d'une île du Pacifique introduisent le battement de jambes que les
frères Cavill popularisent. En 1906, un certain Tartakover impressionne le
public du Vieux continent en faisant la démonstration d'une nouvelle technique
à Joinville-le-Pont, près de Paris. Il pratique la nage de ses ancêtres,
totalement inconnue chez nous qui se popularise très vite d’abord sous son nom,
« Tartakover », et plus tard sous le nom que nous lui
connaissons tous aujourd'hui : le « Crawl* ». Il faut
noter cependant que la tête n'est toujours pas immergée.
(*) « l’english side stroke » = nage anglaise sur
le côté, avec action alternée des bras sous-marines, position costale, et
ciseaux de jambes.
« l’over arm stroke »
= idem ci-dessus, mais avec retour (vers l’avant) du bras supérieur au-dessus
de l'eau.
« trudgeon » ou
« trudgen » : position ventrale, retour alternatif des
bras au-dessus de l'eau, et coups de pied (alternés) de Brasse.
« double over arm stroke »
= idem ci-dessus, mais avec un ciseau de Brasse.
« Crawl » =
position ventrale, action alternée des bras avec retour aérien, et battements
de jambes. C'est de l'expression d'un journaliste (« look at the kid, he’s
crawling ») présent lors d'une course d'un des frères Wickham, à Sydney,
en 1897, que naquit le terme générique anglais « crawl » signifiant
ramper (serpenter) en français.
Le Dos crawlé
L'origine du Dos est probablement
lointaine et elle procède de la volonté de maintenir le visage émergé.
Vraisemblablement le déplacement dorsal devait s'effectuer en position assise
grâce à de petits mouvements aquatiques des bras le long du corps et à un
pédalage des jambes. En 1907, la première épreuve de Dos apparaît aux
championnats de France ; la technique utilisée est alors celle du « Dos
brassé* ». Aux jeux olympiques de Stockholm (en 1912), Hebner, un nageur américain,
utilise une technique dorsale fortement inspirée du
« Trudgen » ; le « Dos trudgen* ».
L'utilisation d'un battement de jambes se fait au cours des années 20 notamment
sous l'influence des nageurs japonais : le dos moderne est né ;
« Dos crawlé* »
(*) « Dos brassé* »
= position assise, action simultanée des bras et accompagnée de jambes Brasse
« Dos trudgen* »
= position à plat, pédalage, appuis bras tendus et retour aérien alterné et
fléchi des bras à 10 h et 14 h
« Dos crawlé* »
= position dorsale, action alternée des bras avec retour aérien, et battements
de jambes.
Le Papillon
Bien que le Papillon soit la
dernière née des 4 nages reconnues par la FINA, des gravures de l'Antiquité laissent à
penser que le Papillon possède des origines très anciennes. Bizarrement, ce
mode de déplacement ondulant, qui n'est pas sans rappeler le mode de locomotion
des mammifères marins, est pour des raisons obscures tombé dans l'oubli. Il
n'est réapparue que par le biais d'un manque de précision du règlement de la Brasse lorsque certains
nageurs ont modifié le « trudgeon » en remplaçant l'action alternée
des bras par une action simultanée, bien plus en adéquation avec le ciseau de
jambes. Ainsi, en 1926, lors d'une compétition de brasse, l'Allemand Erich
Rademacher termine l’épreuve en ramenant ses bras au-dessus de l'eau. Après
maints aléas, protestations, interprétations du règlement, cette nouvelle
technique « Brasse-Papillon » se vit de plus en plus utilisée
dans les années 30. Cette Brasse « new look » était plus rapide, mais
aussi plus éprouvante, c'est pourquoi on assista pendant » 25
ans (1920-1945)
à des courses de Br mélangeant ¹ techniques (Br ss-marine, Br, et Br-Papillon). 2
modifications du règlement mirent fin à cette particularité. En 1946, on imposa
tout d'abord au nageur l'obligation de conserver le même style de nage pendant
toute la course. Toutefois, l'efficacité de la « Brasse Papillon »
menaçait l'existence de la
Brasse traditionnelle : en 1952, aux jeux olympiques
d'Helsinki, les 8 finalistes du 100 mètres Brasse nageaient en « Brasse
Papillon ». Une modification du règlement séparant nettement la Brasse du Papillon fut
promulguée en 1953.