Plusieurs personnes, qui me
connaissent depuis plusieurs dizaines d'années et connaissent un peu mon cursus
sportif, m'ont demandé de mettre par écrit cette longue expérience pour que
cela puisse servir d'exemple aux sportifs qui seront les dirigeants de demain.
Alors je vais m'exécuter.
Dés mon plus jeune âge j'ai été
bercé par la culture du sport inculquée par mon père.
Il avait pratiqué l'aviron
(champion de France de la marine pendant la guerre), le rugby, le vélo et je
dois sans doute en oublier.
Bien que n'ayant que très peu de
moyen financier il m'amenait voir un match de rugby à Cassayet dès qu'il avait
économisé de quoi payer son ticket.
Aussi dés mon entrée au cours
préparatoire de l'école de Cité (ce n'était pas encore un collège) il m'a
inscrit à la rentrée de 1948 au seul club de sport qui acceptait les enfants à
Narbonne : la gymnastique avec la Narbonnaise, concurrente alors avec la
Patriote.
Un homme a marqué ma vie sportive
de cette époque: notre moniteur de gym (c'est comme çà que l'on nommait alors
nos profs d'éducation Physique) : Raymond NAVARRO, qui m'a donné le goût de
l'effort et enseigné les différentes
disciplines sportives connues à l'époque.
Très peu d'association sportive
sur notre ville: le rugby avec le Racing, la boxe, l'haltérophilie, mais qui ne
prenait pas les tout petits.
Vous connaissez tous la grande
salle du Palais du Travail ou nous trouvons souvent pour des réceptions
municipales. Elle n'existait pas encore dans ces années d'après guerre. Il n'y
avait qu'un sol en terre battue où l'on fixait les agrès comme on pouvait, avec
des pitons encrés dans le sol.
Le foot, le hand, le judo, le
volley et autres disciplines aujourd'hui répandues ? Peu de narbonnais les
connaissaient.
Mon premier moniteur, on ne
disait pas entraîneur, était Joachim MARCO qui avait la gym chevillée au corps
comme moi aujourd'hui avec l'haltéro.
Mais était-ce prémonitoire ?
Avant d'accéder à notre coin, il y avait quelques bonhommes qui soulevaient des
haltères et parmis eux un certain Henri MOULIN qui venait de participer aux
Jeux Olympiques de 12948. Mais je ne le savais pas encore.
Mon premier titre sportif a été
champion de l'Aude de saut de cheval.
Quand je suis passé cadet j'ai
été dirigé vers le rugby car tout sportif digne de ce nom se devait de passer
par ce sport pour être un tant soit peu considéré dans notre ville.
Grâce aux frères BONNES, nos
entraîneurs, nous avons vite gravit les échelons nationaux: demi-finalistes
puis finalistes des Championnats de France cadets. Je crois bien qu'il s'agissait
d'une des premières finales dans cette catégorie d'âge pour le Racing.
Vers dix-huit ans je me suis
tourné vers le basket, influencé alors par une magnifique équipe féminine qui
était monté en nationale et qui faisait les beaux jours du Palais du Travail.
Je jouais en juniors et en senior enchaînant souvent les deux matches dans la
même soirée. Autre titre en devenant champion du Languedoc junior.
Je commençais à m'intéresser à
l'athlétisme car je voulais devenir prof de gym.
Comme il n'y avait pas de club à
Narbonne, je m'entraînais seul en lisant dans les livres et j'étais licencié à
Carcassonne. Je m'y déplaçais en train les jours de compétitions. Je suis
devenu champion de l'Aude à la longueur et au triple saut.
Je suis rentré sur concours au CREPS
de Toulouse en 1960 mais à la fin de la première année de scolarité j'ai fait
une mauvaise chute aux barres parallèles avec u n léger déplacement
vertébral. On m'a refusé de redoubler
sous prétexte que je devenais inapte aux sports.
Ce que j'ai toujours refusé.
Pour le prouver je me suis
inscrit au club d'haltérophilie de la Maison des Jeunes, car ce sport était
réputé, à cette époque, dangereux pour l'organisme.
Que de progrès depuis cette
époque! Les femmes étaient interdites de toutes actions, même comme
dirigeantes, et l'haltérophilie était interdite aux moins de seize ans révolus.
Nous disposions d'une petite
remise de trois mètres sur cinq et nous arrivions à nous entraîner cinq ou six
à la fois.
En 1961 je suis devenu champion
du Languedoc avec plus de 100 kg au jeté. Cela doit faire rigoler nos
jeunes athlètes d'aujourd'hui mais
essayez de vous replacer dans le contexte de ces années là.
Le directeur technique de notre
fédération, M. TAILLEFER faisait alors le tour des clubs pur essayer de former
des jeunes entraîneurs aux méthodes qui devaient remplacer l'empirisme qui
existait alors un peu partout.
C'est à ce moment qu'il m'a fait
obtenir le premier degrés d'entraîneur fédéral et j'y ai pris goût.
Après mon service militaire, où
j'avais été sélectionné dans l'équipez de basket pour représenter mon régiment,
j'ai retrouvé mon club pour peu de temps puisque j'ai été nommé directeur de la
Maison des jeunes de Metz en Moselle. Quel dépaysement pour un méridional!
Ma première action en arrivant a
été de créer une section d'haltérophile qui a eu son heure de gloire quand nous nous sommes installé dans le quartier
de la Patrotte qui n'avait rien à envier à nos quartiers réputés dangereux
d'aujourd'hui.
Christian, François, Jean-Claude
et de nombreux autres que je n'ai pas oublié, que de bons souvenir nous avons
ensemble!
Mais comme je n'avais pas
abandonné l'athlétisme je pratiquais aussi bien la longueur et le décathlon
avec le Stade Messin. Mes meilleurs souvenirs dans ce sport? Avoir participé à
une finale des championnats de France des clubs ou je me suis retrouvé à sauter
contre un dénommé PIQUEMAL qui n'était autre que le champion d'Europe du cent
mètres et avoir eu l'honneur de voir un certain Alain MIMOUN dans un autre
inter-club.
En 1966 j'ai fondé le Comité de
Moselle d'haltérophilie et ce département comptait alors sept clubs surtout
dans les régions minières.
Etant entre-temps rentré dans
l'administration et après les évènement de mai 68 j'ai obtenu de me rapprocher
de ma région en étant nommé à Saint Afrique dans l'Aveyron.
J'y ai rencontré Serge MOREAU qui
pratiquait notre sport avec bonheur en étant champion, recordman national et
membre de l'équipe de France.
Enfin en 1973 j'ai réussi à
rentrer au pays comme on disait alors.
J'y retrouvais mon premier club
avec beaucoup de désillusion car l'haltérophilie avait fait place au bodybuilding avec toutes les dérives qui pouvaient s'en
suivre.
C'est alors que
je me suis rapproché du Club Léo Lagrange qui se trouvait dans mon ancienne
école maternelle de la place Bistan, devenue place du Forum. Nous partagions la
petite salle avec l'atelier de réparation de la section cycliste.
Après de
nombreux déménagements le club s'était enfin fixé avenue de Lattre de Tassigny et reposait alors sur quatre
sections qui ont fait le bonheur de cette structure pendant de nombreuses
années: le judo du regretté Marcel CHEVALIER le cyclisme, le groupe artistique
qui remplissait le Palais du Travail et l'haltérophilie.
C'est dans ce
contexte que Maxime ROUAIX est devenu champion de France en 1982 succédant à ce
niveau à Henri MOULIN, finaliste olympique à la fin des années quarante.
Victime d'un
accident du travail en 1987 j'ai du m'éloigner des plateaux pendant un certain
temps. Mais comme les quelques adultes du club ne pensaient qu'à eux et
ignoraient nos jeunes j'ai repris du collier en revenant pour redresser notre
situation sportive.
En 1997 nous
avons organisé les Championnats de France vétérans mais malgré les promesses de
tout un chacun l'organisation n'a reposé que sur deux personnes: mon épouse et
moi-même. Le jour de la compétition quelques parents nous ont donné un petit
coup de main en tenant la buvette et le comité régional nous a aidé pour la
logistique.
Dés la fin de
ces championnats j'ai subit une importante opération chirurgicale qui s'était
aggravée car je l'avais retardé pour pouvoir les organiser.
Comme après mon
accident personne ne s'est occupé de nos jeunes et il m'a fallu recommencer une
nouvelle fois après un repos forcé de quelques mois. Merci la solidarité.
La direction de
Léo Lagrange a profité de cet instant en nous déclarant indésirables car non
rentables pécuniairement pour elle. C'est pour cette raison que notre club a du
mettre fin à notre collaboration en donnant notre démission en 2002.
Heureusement le
service des sports de la ville nous a vite trouvé un petit local (25 m²) au
stade Saint Salvayre qui m'a permis de relancer notre sport dans un quartier
dit difficile. Mais il a fallu recommencer à zéro car les anciens athlètes,
écœurés par le comportement d'une association à laquelle nous avions tout
donné, ont arrêté définitivement.
Pendant
quelques années nous avons fonctionné avec seulement trois ou quatre jeunes car
notre salle ne permettait pas d'en accueillir d'avantage.
Enfin en 2007
la municipalité a mis à notre disposition une salle plus grande dans la cellule
d'animation de Saint Jean Saint Pierre: C'est notre salle d'échauffement
actuelle.
Puis en 2012 la
cellule a été mise à notre entière disposition dans sa totalité. Nous pouvions
enfin étendre à notre activité et le nombre d'enfants commençait à augmenter et
nous obtenions enfin des titres de champions de zone tant attendus.
Avec le premier
titre national de Samantha PRUVOT en 2012, qui réédite son exploit en 2013
entraînant dans son sillage Héloïse ROMERO vice-championne de France en 2013 et
2014 et retenue dans le pôle France des moins de 15 ans.
J'étais enfin
récompensé de ma ténacité et de mes efforts pour que l'haltérophilie, présente
dans notre ville depuis la fin du XIXème siècle, ne disparaisse pas
du panorama sportif de Narbonne.
Merci à tous
ces jeunes et à leurs parents qui sont restés à mes côtés pendant ces moments
difficiles.
Pour mémoire
j'ai été Président du Comité de l'Aude depuis que je l'avais crée en 1974
jusqu'à 2009. Membre du Comité Départemental Olympique Audois de 1975 à 2008.
Membre du Comité régional depuis 1974 à ce jour.
Arbitre
international.
Entraîneur
fédéral 3ème degré.
Titulaire de la
Médaille d'or de la Jeunesse et des Sports depuis 2002.
Récompensé par
le Trophée des Sportifs de la ville de Narbonne, catégorie dirigeant, en 1999.
Récompensé par
les Ors de l'Aude du Conseil Général en 2000.
A obtenu le
Prix Spécial de l'Office Municipal des Sports de Narbonne lors de la remise des
Trophées des Sports en 2013.
A noter que
j'ai toujours été un bénévole à part entière et que j'e n'ais jamais touché un
penny pour mes prestations.
Je dédie cette
biographie non pas à mes amis, à mes soutiens politiques de tout bords, à
toutes les associations narbonnaises, au service des sports de la ville car
depuis Hubert MOULY, Michel MONiER, Jacques BASCOU et maintenant Didier MOULY,
je sais qu'ils connaissent déjà ce que j'ai fait pour notre fédération et ses
composantes, notre comité départemental, notre discipline et notre ville.
Non je la dédie
à tous ceux qui, comme Aaron, considèrent que je n'ai jamais rien fait pour
notre fédération et que je ne mérite pas de la représenter. Grâce à eux je peux
me consacrer entièrement à ma discipline et la faire connaître avec quelques
succès à des enfants et adolescents qui ne pourraient jamais pratiquer un sport
à cause de leur coût.
66 ans consacrés aux
sports dont 64 à notre Fédération et à l'haltérophilie en particulier.