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Pour quelqu'un qui n'avait plus joué pendant 45 ans, Bernard Gouy a su renouer, à Sète, au début de ce siècle, les fils du bridge tissés avec son père alors qu'il n'était encore qu'adolescent : «  Mais j'ai dû tout réapprendre, souligne-t-il. Nous pratiquions alors le bridge plafond, puis la méthode Albarran... Aussi bien, quand, à la retraite, l'envie de pratiquer m'a repris, prendre des cours relevait de la nécessité ».

Nécessité morale aussi, autant que philosophique, pour Bernard Gouy que de s'être engagé au moyen de son métier d'avocat auprès d'une génération qui déplorait de voir la France prétendre au maintien de son empire colonial. Un soutien de conviction qui l'a conduit à défendre professionnellement des inculpés qui se considéraient comme des résistants.

Ils risquaient la peine de mort ou de lourdes peines de prison. Certains n'y ont pas échappé. Bernard Gouy a plaidé courageusement leur cause, directement et en personne, auprès du Général de Gaulle. Le fruit d'une époque... Dont il est un enfant et qui lui donne le droit de se réjouir, en tant qu'avocat mais aussi en tant qu'individu, que Robert Badinter ait réussi à faire supprimer la peine de mort.

D'autres personnalités dont Simone Veil ont croisé le parcours de Bernard Gouy qui, par ailleurs, a œuvré à la formation des candidats au barreau, une mission qui lui a beaucoup tenu à cœur. De même que son engagement politique sur ses terres lyonnaises.

A bientôt 90 ans, il a retrouvé dans le bridge une activité qui constitue beaucoup plus qu'une distraction : « Du pur plaisir certes, comme quand j'avais 15 ans, mais aussi le sentiment avéré que le bridge contribue à me maintenir au mieux de ma forme « .

William Stawiarski