Colloque International - 23, 24, 25 janvier 2014 Sorbonne Nouvelle - Amphithéâtre Durkheim Université Paris 3
"CONTEXTE GLOBAL, CONTEXTES LOCAUX : tensions, convergences et enjeux en didactique des langues"
Présentation
Comme de nombreux autres domaines,
l’enseignement/apprentissage des langues vit depuis quelques décennies
au rythme de la mondialisation, notamment avec l’expansion de l’école et
de ses outils de prédilection (l’écrit, le manuel, etc.). Par ailleurs,
d’un point de vue épistémologique, la didactique des langues défend
l’interdépendance entre théorie et pratique.
La circulation des
notions et principes méthodologiques prend une tournure particulière
dans le cas de la coopération, qu’elle soit bi- ou multilatérale, ou dans
celui des partenariats institutionnels entre pays du Nord et du Sud :
IFADEM, ELAN, TESSA, etc.
Le transfert de méthodologies se fait
généralement à sens unique, sans que soient toujours bien pris en compte
les contextes dans lesquels il est opéré. À cela s’ajoutent bien
souvent les répercussions des « effets de mode », qui entraînent au
niveau local une succession de méthodologies en l’espace de quelques
années : une nouvelle approche est parfois introduite sur le terrain
avant même que les acteurs sociaux de l’éducation aient pu prendre la
mesure de celle qui la précédait.
Le thème retenu pour ce colloque a
donc pour ambition de susciter des débats sur le caractère international
et multicontextuel des stratégies, méthodologies et outils qui servent
les politiques éducatives et linguistiques. Le croisement des regards
interdisciplinaires et des points de vue de chercheurs provenant des
universités du Sud et du Nord en assurera la portée scientifique.
Plusieurs
axes de réflexion impliquant la didactique des langues, les sciences du
langage, les sciences de l’éducation et la sociologie seront abordés :
Les relations aux savoirs
Les enjeux de la contextualisation
Les méthodologies circulantes et la formation des enseignants
Les cultures éducatives en contact
Les transferts intradidactiques
Des analyses de partenariats internationaux
Les politiques linguistiques et éducatives intergouvernementales / nationales
Présentation du livre blanc de l'enseignement du français - Jean-Pierre CUQ et Fabienne LALLEMENT
Quelles traces de culture éducative dans l'agir professoral ? - Lin XUE
Cultures éducatives et linguistiques en question : l'image du français et de son apprentissage chez les étudiants d'échange - Jean-Marc DEFAYS et Déborah MEUNIER
Culture globale, culture locale ou cultures hétérogènes ? Analyse de pratiques de lecture d'adultes plurilingues - Marie RIVIÈRE
AVERTISSEMENT
Ces compte-rendus ont été rédigés par un petit nombre de participants. En aucun cas ils ne peuvent prétendre être totalement exacts et complets.
Gardez un esprit critique !
et n'hésitez pas à faire des commentaires ou proposer des compléments d'informations dans les différentes "boites de dialogue"
Conférence d'ouverture :
« Le grand écart : penser global et se préoccuper des processus singuliers de subjectivation et de désubjectivation ? »
par Michel WIEVIORKA – sociologue, administrateur de la FMSH, Directeur d'études à l’EHESS - France et D!recteur de la nouvelle revue "Pensée globale", manifeste pour les sciences sociales
Les
sciences humaines et sociales opèrent depuis une vingtaine d'années un
tournant qui s'apparente à un grand écart : d'un côté, elles s'efforcent
de penser global, de l'autre, elles s'intéressent à l'individualisme, à
tout ce qui touche à la personne singulière, au Sujet.
Ce
tournant pourrait mener à des logiques de fragmentation, à la mise en
cause des valeurs universelles. Comment opérer ce grand écart sans être
écartelé, comment monter en généralité, refuser la fragmentation des
savoirs ?
1 - Introduction : le grand écart.
Le grand écart concerne toutes les sciences sociales et en particulier le sociologue. Il est lié à l'évolution de ses disciplines où apparaissent :
1- l'utilité de "penser global". À ce titre, les français, plus que les autres, pensent dans le cadre de "l'état-nation" et ont longtemps résisté à cette notion de pensée globale. 2- les sciences sociales considèrent d'autre part davantage lea personnes singulières, le SUJET personnel.
Comment ces deux phénomènes peuvent-ils être pensés ? Font-ils parti d'un même mouvement de pensée ?
"Il faut sortir du nationalisme méthodologique"
Cette idée nous invite à penser global, car il faut considérer que le monde qui se globalise (économiquement, géographiquement avec l'aboiition des frontières ...) peut aussi penser et pour se faire, il faut prendre en charge différents niveaux d'analyse et les articuler les uns aux autres.
3 - Le thème du SUJET
Le deuxième point à prendre en considération est qu'il est fait référence de façon de pus en plus appuyée au thème du sujet, en d'autres termes, la liberté.
Avant la "grande époque du structuralisme", la France a considéré l'individu, que ce soit Alain Touraine dans son ouvrage en 1980 "le retour de l'acteur" (ce qu'il aurait dû intituler, a-t-il avoué plus tard, plutôt "le retour du sujet") ou Michel Foucault (très structuraliste au début puis il publie à la fin du 3ième volume - sur 6 - sur la sexualité, la capacité de chacun de construire son existence) estiment que le sujet, c'est la capacité d'agir, la virtualité d'agir. Dans les sciences sociales en France, cette notion était très prise en compte dans le travaux : la capacité de chaque sujet d'être maitre de son existence.
Mais, pour compliquer un peu les choses, Michel Wievoiorka précise qu'au début, l'idée de sujet était un peu utopique, "chacun est maitre de son existence" est teinté d'un certain "romantisme". À chaque fois que l'on dit "sujet", on "naturalise", existentialise" les choses. On a donc intérêt à repenser cela et faire plutôt référence à des processus de subjectivation ou de désujetisation.
Le sujet ne permet pas d'expliquer le système.
Michel Foucault et Pierre Bourdieu ont mis en commun: "les hommes exercent une violence symbolique sur les femmes qui est tellement forte qu'elles les intériorisent".
La prégnance du structuralisme est au coeur de la pensée française et c'est ce qui resiste le plus.
D'un coté les sciences sociales se sont mises à "penser global" et d'un autre coté elles pensent "au sujet", à sa subjectivation, fiormant ainsi en grand écart. Mais sont-ce deux phénomènes indifférents ?
2 - de la nécessité de la pensée globale
Auparavant, il y avait des philosophes, des historiens (Fernand Braudel), des socio-historiens qui présentaient cette idée de globalisation, mais celle-ci n'a pris son essor qu'à partir des années 1990, avec la disparition des entraves à la libre circulation des capitaux, passant d"un endroit à un autre sans frontière ni limite, sauf pour les hommes.
Cependant, la notion de pensée globale n'était encore conçue que par rapport aux pays occidentaux. Les sciences sociales sont certes née dans trois pays occidentaux : La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, mais aujourd'hui, on les trouve partout, avec des ethnologues, anthropologues .... qui sont les représentants des autres pays, avec des ancrages qui leurs sont propres. On ne peut donc plus refléchir par catégories selon des définitions occidentales, et il est désormais indispensable de penser à différents niveaux (mondial, régional, national et local, régional...) ainsi que d'articuler ces différents niveaux entre eux. Cela implique une rupture intellectuelle.
Le tournant global s'est opéré bien plus rapidement ailleurs qu'en France. On le constate lorsque l'on considère l'incidence et la prévalence du mot "global" dans la presse anglosaxonne depuis 30 ans (depuis la chute du mur de Berlin). Les sciences sociales en France, elles, elles résistent à penser intellectuellement "le monde". Pourquoi ?
Michel Wieviorka avance à cela une première hypothèse qui lui parait être essentielle : la France a été le coeur du monde au niveau intellectuel jusque dans les années 70 avec Jean-Paul Sartre, Raymond Aron et bien d'autres. Il y a eu une identification à ce type de débat. Il existe d'autres raisons qui sont avancées, comme par exemple le fait que "les français ne parlent pas l'anglais", mais ceci lui parait beaucoup moins important.
4 - de la
Auparava
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