Itinéraire d’un budoka…
Ma quête martiale a commencé dans les années soixante dix en passant comme de nombreux enfants par la case judo. Mais la voie de la souplesse discipline reine des arts martiaux en ce temps, allait vite trouver dans les coups de pied retournés et les kiaïs félins du petit dragon Bruce Lee sur grand écran, un sérieux concurrent.
Comme de nombreux ados, j’étais fasciné par l’impact, (et le mot est de circonstance !), du phénomène Bruce Lee. Seul problème, le Kung Fu omniprésent dans les salles de cinéma, ne l’était pas encore dans les dojos de la capitale Limousine.
Aussi pour pratiquer une discipline proche de celle de Bruce Lee, le choix était restreint au karaté art martial japonais en plein essor mais encore dans l’ombre du judo, et particularité sur Limoges, avec l’arrivée de réfugiés vietnamiens , une discipline encore quasi inconnue, le Viet Vo Dao avec un panel d’experts de haut vol.
C’est vers cette discipline que j’allais tout d’abord m’orienter, poussé dans ma démarche par un grand frère de huit ans mon aîné, qui lui aussi découvrait le monde des arts martiaux.
La période Viet Vo Dao durera deux ans , de cette expérience, il restera l’apprentissage des chutes sur le dur, et le souvenir d’un enseignement très physique dans des cours pour adultes sans concessions pour mon physique poids plume de l’époque.
Puis le grand frère partit sur Toulouse pour ses études universitaires, et l’aventure Viet Vo Dao s’est arrêtée faute de vraie motivation. Au retour de son étape toulousaine, le grand frère avait découvert le karaté, discipline qu’il poursuivit sur Limoges avec une jeune 2ème dan élève de Maître Nambu fondateur du style Sankukai. Ce fût pour moi, une fois de plus encouragé par le grand frère, ma première expérience avec le karaté, celle-ci s’arrêtera au bout d’une saison avec le départ du professeur.
Nous sommes alors en 1979, comme pour beaucoup, entre fin d’adolescence et début de la vraie vie ; les copains, les sorties et la moto avaient une importance il faut le dire plus capital que la pratique martiale. Toutefois cette année-là, celle qui allait devenir la femme de ma vie m’incita à reprendre la pratique… et si tu reprenais le karaté ? Je crois qu’elle a dû regretter quelques fois cette demande, car cette fois-ci la passion allait devenir… brûlante et définitive !
J’ai donc à nouveau poussé la porte d’un dojo, avenue des bénédictins, le Dentokaï Karaté club, petit club traditionnel, animé par Messieurs Dominique Grouille, Pierre Serfati , François Smolis et surtout Jean-Paul Chabois, mon premier « vrai » professeur, un physique de déménageur, et une vitesse de déplacement en contraste avec le gabarit ; et une surtout une pratique propre à forger le caractère. J’ai encore grand plaisir à m’entraîner avec Jean-Paul, lui aussi licencié aujourd’hui au Shoto Karaté Aixe.
Faute de logistique, le Dentokaï du fermer ses portes en 1984. Direction l’ASPTT Limoges et Christian Vareilhac, élève de Senseï Kase, lui aussi en mode physique bûcheron, et grand amateur de blocages « virils ». De cet épisode reste le souvenir d’un club de copains tous plus motivés les uns que les autres et toujours prêts à partir en stage ou en compétition. La compétition c’est dans ce club que je l’ai vraiment découverte, tant en combat qu’en kata. Passage obligatoire pour glaner les points nécessaires à la validation des combats de la ceinture noire ; cette fameuse ceinture dont j’ai encore le souvenir de sa pression sur le ventre, ce jour de juin 1988 où Christian me la noua pour la première fois sur mon karaté gi.
C’est au cours des nombreux stages organisés par l’ASPTT que je fis la connaissance des deux experts qui allaient orienter définitivement ma pratique. Tout d’abord Hervé Delage, aujourd’hui expert 7ème dan, une pédagogie hors norme et une vision du karaté construite par des expériences multiples, qui me fit prendre conscience au cours de nombreux stages que le karaté ne se limitait pas à la vision parfois restrictive d’un karaté Shotokan trop accès sur le rapport de force.
Cette pratique accès sur la fluidité dans le mouvement, l’esquive, la vitesse, je l’ai trouvé encore lors de stages, animés par celui qui est toujours aujourd’hui mon Senseï et ami, Gérard Moreau 6ème dan et figure emblématique du karaté en Limousin. Avec lui j’ai appris et j’apprends encore, au prix d’un enseignement rigoureux et passionné.
Mais pour ce faire il a fallu quitter l’ASPTT en septembre 1992 pour rejoindre le Shoto Karaté Aixe. Dans le monde du budo, difficile de quitter un professeur pour un autre, mais quand le Senseï « cédant » comprend que c’est pour l’évolution de son élève ; le lien demeure, et ce n’est sans doute pas par hasard si Christian Vareilhac après sa passation de club, est lui aussi licencier du Shoto Karaté Aixe.
C’est donc au sein du Shoto karaté d’Aixe sur Vienne, que mon aventure martiale se perpétue depuis maintenant 25 ans. C’est au cours de ce quart de siècle que j’ai connu de belles aventures sportives avec une bonne dizaine de sélections en championnats de France décrochées après chaque podium régional. Hélas, la marche a toujours été trop haute entre la région et l’élite nationale. Qu’importe, les cars charters organisés par le club Aixois restent des souvenirs impérissables, tout comme les Katas à Coubertin sur le même tapis que le multiple champion du monde en titre, Michael Milon.
D’un point de vue plus martial, impossible de stagner sur un grade avec Gérard Moreau ; c’est sous son impulsion que j’ai donc préparé et obtenu le 2ème dan en 1993, le 3ème en 1998, le 4ème en 2004, et le 5ème dan en 2011.
C’est à la maturité de ce dernier grade que l’idée me vint qu’il était temps de passer moi aussi à l’étape de la transmission du savoir. L’idée est maintenant concrétisée depuis l’affiliation à la FFKDA en avril 2016 de L’A L Karaté Condat sur Vienne ; le début d’une nouvelle aventure où tout reste à écrire… avec vous.
Daniel Thomas